" L'expression "mort naturelle" est charmante. Elle laisse supposer qu'il existe une mort surnaturelle, voire une mort contre nature."
Gabriel Matneff
La mort fait partie de la vie... Elle est naturelle au même titre que la naissance, alors c'est vrai qu'accoler les deux peut sembler être un pléonasme. Il n'est pas moins naturel de mourir écrasé par la chute d'un arbre, que d'une crise cardiaque... Pourtant dans le cas de la chute d'arbre, on trouvera ça moins naturel...
Mon chien est mort aujourd'hui. Il était vieux, seize ans et demi... J'ai attendu sa mort naturelle, je l'ai même espérée... pour ne pas avoir à affronter cette mort contre nature... Et puis, devant son état dégradé et sa souffrance, j'ai pris la décision de ne pas le laisser souffrir plus longtemps... Cela parait être normal quand on en a la possibilité de faire en sorte de réduire la souffrance...
En revanche ce que l'on prône pour les animaux ne s'applique pas aux personnes. On ne va pas si loin dans notre "humanité". Il ne faut pas laisser souffrir un animal qui de toute façon est en train de mourir, mais on n'a pas le droit de faire mourir un humain en train de souffrir...
Où est le naturel ?... Où est le surnaturel ?... Le contre nature ?... la normalité ?...
Ce n'est finalement pas la mort en elle-même qui nous effraie... c'est le vide, l'absence, le néant qu'on ne sait pas imaginer... cet instant où la vie se retire de l'enveloppe charnelle, quand le cœur cesse de battre, cet instant de bascule entre "l'être" et le "n'être plus" de ce monde...
On croit qu'on a suffisamment anticipé ce moment, pour être prêt quand il s'annoncera au dernier glas, mais on n'est jamais complètement prêts tant qu'on n'est pas devant le fait...
La question de la mort, pour ce qui me concerne, n'est pas une question existentielle... On ne peut pas passer sa vie à s'interroger sur la mort, ce serait la perdre un peu avant de la perdre définitivement, et donc vivre dans un état de perte permanente...
Ce qu'est la mort de toute manière personne n'y répondra, on ne peut que se demander ce que signifie la mort... ce qui nous est douloureux dans l'idée de la mort et les morts auxquelles on doit nécessairement faire face au cours de sa vie...
Ce qui nous est douloureux dans la mort, c'est qu'inévitablement elle change des repères acquis dans notre vie, elle bouscule nos habitudes, et que paradoxalement elle prend de la place par le vide qu'elle crée...
Ce qu'est la mort, ce qui se passe après la mort ne me posent pas question... En revanche, je me demande si l'âme comme notre corps, meurt elle aussi, si elle demeure à l'identique, ou si elle se modifie...
Quand j'étais enfant, j'avais une théorie très personnelle, qui me faisait penser qu'à la seconde où l'on mourait, on renaissait dans un bébé en devenir, porté par une femme, et que nos "compteurs mémoire" disparaissaient à mesure que l'on se reformait complètement dans un nouveau corps...
Parce que si l'on y réfléchit bien, il existe le même mystère pour la naissance que pour la mort... Ma théorie permettait aussi d'expliquer les phénomènes que nous vivons parfois de "déjà vu", et s'inscrivait bien aussi dans celle de la roue du temps...
Mais j'ai grandi... un peu... et vieilli aussi... et laissé tomber pas mal de mes théories...
A l'origine les Techichi, chiens sacrés des Aztèques, ancêtres du chihuahua, étaient des sortes de "passeurs de vie", enterrés avec leurs maîtres quand ceux-ci mouraient, car ils étaient censés leur montrer le chemin et les accompagner vers leur nouvelle demeure...
Le mien est parti en éclaireur... Paix à son âme !......