" Si un jour quelqu'un te fait du mal, ne cherche pas à te venger, assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras son cadavre passer."
Lao-Tseu (... d'autres...)
Il n'est pas de pire poison que le désir de vengeance, bien plus néfaste que la souffrance, il ne tolère aucun repos pour celui qui en est victime. Evidemment nous ne sommes pas tous des émules de Jésus, qui désirons tendre la joue gauche lorsqu'on nous a frappé sur la droite !... mais entre les deux, il existe bien une voie médiane qu'il faut s'appliquer à rechercher....
Vouloir de manière volontaire et délibérée, ne pas se venger, ne signifie pas pour autant pardonner... Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que l'obsession de la vengeance fait bien plus de mal, que le mal auquel nous avons pu être exposé...
Naïvement peut-être, je crois sincèrement qu'il existe une justice des choses, dans la mesure où nous récoltons les fruits de ce que nous semons... ainsi donc pas besoin de mettre en oeuvre sa propre vengeance personnelle, des circonstances dont je ne sais rien, s'en chargeront bien, à un moment donné, et remettront à l'heure les pendules de la justice...
Croyance personnelle, trop candide et infantile pour certains, aléatoire et non fondée pour d'autres, qu'importe, cette croyance me permet de rester debout sans m'abaisser aux mêmes positions que ceux que j'éxècre...
L'énergie que nous focalisons sur une vengeance que nous cogitons, est une énergie qui nous manque pour réaliser d'autres choses, orientées vers le bien.
Toujours en relation avec les lois de l'Esprit : ne pas chercher à lutter contre le Mal, aller directement au Bien...
Cette démarche nous libère des pensées parasites négatives qui ne peuvent rien engendrer de constructif. Bien sûr que nous pestons intérieurement quand nous nous sentons trahis, blessés, bafoués ou tout autre sentiment ressenti suite à souffrance ou blessure. Bien sûr qu'il est difficile de ne pas envisager de faire subir les pires outrages pour assouvir notre vengeance... Mais la vengeance, ayant pour but à peine déguisé d'infliger à l'autre de la souffrance, pour anesthésier la nôtre, est un leurre : infliger de la souffrance ne résorbera pas celle que l'on ressent ou que l'on a ressentie... Ce n'est pas un partage de la même souffrance... mais seulement deux souffrances... indépendantes...
La philosophie est bien belle tant qu'on la déclame, qu'on l'écrit ou qu'on la réfléchit... mais la souffrance se ressent, elle, avec les tripes et se moque bien, quand elle atteint son paroxysme de ces mots raisonnables et raisonnés que l'on tente de s'asséner...
C'est la distanciation d'avec ses émotions, particulièrement avec ses émotions négatives, qui peut permettre de se libérer, à la fois de la souffrance, et de la vengeance...
Ce n'est pas de la philosophie à ce point du discours, mais acte volontaire de protéger son énergie et sa lumière intérieure, dont les flammes vacillent bien plus du fait de notre représentation des choses, plutôt que de l'impact des actes, décisions et paroles des autres auxquels nous pouvons être confrontés...
Et puis... il faut relativiser aussi la souffrance selon les degrés d'une échelle que chacun se construit en fonction des limites supportables qu'il établit...
La vie est circonstances qui sans cesse changent et se renouvellent : parfois nous avons la main, parfois elle passe... mais elle revient toujours pour qui sait attendre...
Asseyons nous donc sur le bord de la rivière, prenant ainsi repos, tout en méditant, notre plaisir sera encore plus grand à déguster la vengeance des circonstances, sans avoir à éprouver la culpabilité de celui qui inflige la souffrance...
La vengeance n'est pas, comme le dit le proverbe, un plat qui se mange froid...
La vengeance est un poison qui détruit notre équilibre et n'apaise aucune faim...
Exigez de vous nourrir des meilleurs mets, et de ne pas ressentir cette émotion au rabais...
Qui enflamme l'orgueil, mais ne grandit rien ...
Les circonstances de la vie sont une grande rivière... qui charrie tous les maux de la terre... ...