" Nous sommes tous les romanciers de notre vie."
Rosa Montero
Naturellement qu'on écrit tous l'histoire de nos vies... et comme dans les romans, il y a aussi parfois des rebondissements, des personnages inattendus qui apparaissent et des hasards imprévisibles...
Nous écrivons notre vie chacun à notre façon. Certains fonceront tête baissée, et iront d'une seule lancée d'un bout à l'autre, d'autres devront réécrire plusieurs fois chaque page, raturer, recommencer, déchirer les chapitres mal menés et malmenés, d'autres encore commandés par une raison et une rigueur très forte feront de leur oeuvre une sorte de documentaire plutôt qu'un roman d'aventures...
Il n'y a jamais deux livres exactement pareils... ni deux auteurs... même en pastichant, même en imitant... Le toc n'aura jamais l'éclat de l'authentique, ni la copie celui du modèle...
Notre plume glisse sur les pages du temps, et l'histoire avance inexorablement... Au contraire des romanciers qui peuvent toujours, à tout instant, bazarder leur manuscrit et recommencer, nous n'avons pas toujours ce droit à l'erreur...
Sur quelques moments, sur quelques pages, nous avons parfois la possibilité de tout reprendre à zéro... mais la plupart du temps, il faut, avec le éléments en présence, continuer à composer...
L'écriture est quelquefois difficile, mais la page blanche n'existe pas, à moins d'un coma traumatique profond... même quand on a l'impression de piétiner, de stagner ou de s'enliser... la vie continue...
Les fautes de frappe, les fautes d'orthographe, les fautes de syntaxe... ça fait partie de l'acte d'écrire. A la relecture on les repère souvent mieux qu'en premier jet... et dans la vie, ça se traduit par des contretemps, des bavures et des éclaboussures... Mais on peut toujours guérir de ses ratures et de ses blessures...
Le romancier maitrise bien ses personnages... en revanche, quand ils 'agit de nos vies, il arrive fréquemment que l'on n'ait pas l'impression que la situation est sous notre contrôle...
Alors, me direz-vous, est-on vraiment dans la peau de ce romancier, ou sommes-nous seulement personnages d'une histoire qui s'auto-écrit avec, plus ou moins, notre consentement et notre aimable participation?...
La question reste ouverte, je n'ai pas de réponse à fournir... seulement un point de vue, qui ne s'appuie sur rien de concret...
Nous pouvons maitriser le personnage que nous sommes d'une manière tout à fait simple : il suffit d'être soi...
A force de jouer notre propre rôle, on finit par devenir héros de sa propre vie... parce qu'on se sent plus en prise avec le réel quand on est dans l'acceptation plutôt que dans la composition... On devient alors vraiment vivant, plutôt qu'acteur de vie, engagé dans un rôle à temps partiel de son existence, quand les besoins situationnels ou relationnels le demandent...
La réalité dépasse souvent la fiction, et ce que nous écrivons du roman de notre vie tombe parfois à plat, parce que des évènements imprévus font rebondir l'histoire...
C'est la vraie magie de la vie : qu'elle ne soit jamais tout à fait conforme à ce que l'on s'en prédit...
L'effet de surprise est notre meilleur allié pour ne jamais s'ennuyer, et pour continuer à maintenir en éveil notre capacité à imaginer... parce que sans imagination, aucun romancier ne pourra signer un bon livre...
A vos plumes !... Prêts ?... Vivez !!!... ...