Personnage emblématique d'époques reculées, tu traverses le temps...
De tes pamphlets satyriques, tu défigures à outrance toutes les parures
Pour mieux faire jaillir l'absurde de la réalité sous tes carricatures
Bouffon irraisonné qui démaquille sans pitié les plus grands
De tes délires sarcastiques sortent les évidences qu'on se cache
Comme des mensonges admis qu'on ne remet plus en doute
Mais tu trahis sans vergogne ces manipulations dans tes joutes
Gare à ceux qui croisent ta route et s'en détachent...
Fou du roi, tu laisses loin derrière les allégations de démence qui t'identifient
Sous tes travers de simple d'esprit, tu te prosternes devant la raison
Cette raison du plus fort, qui étouffe nos sursauts de rebellion
Par un pouvoir absolu qui nous enferme dans nos incertitudes bannies
Aveuglés par des flots de paroles qui nous envoûtent
On oublie notre libre arbitre dans des lavages de cerveaux
Qui nous empêchent de saisir très nettement tous les scénarios
Nos oreilles semblent sourdes, confrontées à ton ironie, qui écoute...
Ton rôle de simplet paraît loin de celui des stars de la grande affiche
Pourtant ton rôle à toi, plus discret, est le plus indispensable
Bouffée d'oxygène quand, tout, autour de nous, rend l'air mal respirable
On pensait que rien, jamais, ne pourrait sortir de ton esprit en friche
Mais les sols les plus fertiles doivent leur rendement au repos de la terre
Tes pensées courent aussi vite que des rayons de lumière
Quand de quelques bons mots savamment orchestrés, enfin tout devient clair
Et que ton jour meurtrit ainsi les hypocrisies de ses aurores guerrières...
Protégé par ton immunité derrière ton loup de pitre attardé
Sous ton bonnet d'âne à clochettes rugissent des torrents arides
Qui déshabillent sans répit les machinations sordides des esprits bien lucides
Qui obscurcissent la face du monde de leurs flagorneries cachées
Tu dévoiles en place publique les répétitions de coulisse
Tu vois le monde à travers un prisme aux facettes qui dépoussièrent
Quand de tes mots lourds et cruels tu nettoies tous les cimetières
D'un coup d'éponge déconcertant sur des murs que tu détapisses...
Pauvre fou en perdition qu'on montre du doigt pour le blâmer
Tes prédications semées au vent, font changer le cours du temps
Par leur accent de ridicule, qui éxécute au pilori les plus bêtement intelligents
Tu le sais bien, au fond de toi, avec ta raison d'aliéné,
Que tout se joue dans tes paroles inutiles qu'on juge sans danger
Tu le sais bien qu'il te faut ce regard un peu hagard
Pour qu'on se regarde un peu dans le miroir
Et qu'enfin grâce à tes éclairages clairvoyants, on puisse rire de toutes nos cécités...